Exemples résolus de théorie des groupes

Les exemples suivants illustrent concrètement la vérification des axiomes fondamentaux de la théorie des groupes.

Exercice 1

L'ensemble fini \( A = \{ -3, -2, -1, 0, 1, 2, 3 \} \) constitue-t-il un groupe pour l'addition des entiers (+) ?

Pour le déterminer, examinons si l'ensemble \( A \), muni de l'addition, satisfait les quatre axiomes caractéristiques d'un groupe.

  1. Associativité
    L'addition dans \( A \) est associative : $$ (a + b) + c = a + (b + c), \ \ \forall \ a, b, c \in A $$
  2. Élément neutre
    L'ensemble \( A \) contient l'élément neutre additif \( 0 \). Pour tout \( a \in A \) : $$ a + 0 = 0 + a = a $$
  3. Élément inverse
    Chaque élément de \( A \) possède son opposé dans \( A \). Par exemple : $$ 1 + (-1) = 0, \quad 2 + (-2) = 0, \quad 3 + (-3) = 0, \quad 0 + 0 = 0 $$
  4. Clôture
    L'ensemble \( A \) n'est pas stable par addition. Pour que \( A \) soit un groupe pour l'addition, la somme de deux éléments quelconques de \( A \) devrait encore appartenir à \( A \), ce qui n'est pas le cas. Par exemple : $$ 3 + 1 = 4 \notin A $$

Les trois premiers axiomes sont vérifiés, mais la propriété de clôture n'est pas satisfaite, car l'addition est ici l'addition usuelle des entiers.

Remarque : Il s'agit de l'addition ordinaire, et non d'une addition définie modulo un entier.

Conclusion

Par conséquent, l'ensemble \( A \) ne forme pas un groupe pour l'addition des entiers.

Exercice 2

L'ensemble des entiers \( \mathbb{Z} \) forme-t-il un groupe pour la multiplication ?

Vérifions successivement les axiomes de groupe.

  1. Clôture
    \( \mathbb{Z} \) est stable par multiplication : le produit de deux entiers est toujours un entier. $$ \forall \ a, b \in \mathbb{Z}, \ \Rightarrow \ a \cdot b \in \mathbb{Z} $$
  2. Associativité
    La multiplication dans \( \mathbb{Z} \) est associative : $$ (a \cdot b) \cdot c = a \cdot (b \cdot c), \ \ \forall \ a, b, c \in \mathbb{Z} $$
  3. Élément neutre
    Le nombre \( 1 \) joue le rôle d'élément neutre multiplicatif : $$ a \cdot 1 = 1 \cdot a = a $$
  4. Élément inverse
    Tous les entiers n'admettent pas d'inverse multiplicatif dans \( \mathbb{Z} \). Par exemple, l'inverse multiplicatif de \( 3 \) serait \( \frac{1}{3} \), qui n'appartient pas à \( \mathbb{Z} \) : $$ 3 \cdot \frac{1}{3} = 1 $$ L'axiome d'existence d'un inverse n'est donc pas vérifié.

Conclusion

En conséquence, \( \mathbb{Z} \) ne constitue pas un groupe pour la multiplication.

Exercice 3

L'ensemble des entiers \( \mathbb{Z} \) est-il un groupe pour l'addition ?

Vérifions maintenant chacun des axiomes.

  1. Clôture
    \( \mathbb{Z} \) est stable par addition : la somme de deux entiers est toujours un entier. $$ \forall \ a, b \in \mathbb{Z}, \ \Rightarrow \ a + b \in \mathbb{Z} $$
  2. Associativité
    L'addition dans \( \mathbb{Z} \) est associative : $$ (a + b) + c = a + (b + c), \ \ \forall \ a, b, c \in \mathbb{Z} $$
  3. Élément neutre
    Le nombre \( 0 \) est l'élément neutre additif : $$ a + 0 = 0 + a = a $$ pour tout \( a \in \mathbb{Z} \).
  4. Élément inverse
    Chaque entier \( a \) admet pour inverse additif son opposé \( -a \), qui appartient également à \( \mathbb{Z} \) : $$ a + (-a) = (-a) + a = 0 $$

Tous les axiomes de groupe sont donc satisfaits.

Conclusion

L'ensemble \( \mathbb{Z} \), muni de l'addition, constitue un groupe \( (\mathbb{Z}, +) \).

Exercice 4

L'ensemble \( A = \{ 1, -1, i, -i \} \), formé de quatre nombres complexes, est-il un groupe pour la multiplication ?

Vérifions les axiomes un à un.

  • Clôture
    La multiplication est stable dans \( A = \{ 1, -1, i, -i \} \) : $$ \forall \ a, b \in A, \ \Rightarrow \ a \cdot b \in A $$

    Vérification. Rappelons que \( i^2 = -1 \).
    $$ 1 \cdot 1 = 1 \in A $$ $$ 1 \cdot (-1) = -1 \in A $$ $$ (-1) \cdot (-1) = 1 \in A $$ $$ i \cdot i = i^2 = -1 \in A $$ $$ i \cdot (-i) = -i^2 = -(-1) = 1 \in A $$ $$ (-i) \cdot (-i) = i^2 = -1 \in A $$ $$ 1 \cdot i = i \in A $$ $$ (-1) \cdot i = -i \in A $$

  • Associativité
    La multiplication des nombres complexes est associative : $$ (a \cdot b) \cdot c = a \cdot (b \cdot c), \ \ \forall \ a, b, c \in A $$
  • Élément neutre
    L'ensemble \( A \) contient l'élément neutre multiplicatif \( 1 \) : $$ a \cdot 1 = 1 \cdot a = a, \ \ \forall \ a \in A $$
  • Élément inverse
    Chaque élément de \( A \) admet un inverse multiplicatif dans \( A \), tel que : $$ a \cdot a^{-1} = 1, \ \ \forall \ a \in A $$

    Vérification.
    Inverse de \( 1 \) : $$ 1 \cdot 1 = 1 $$ Inverse de \( -1 \) : $$ (-1) \cdot (-1) = 1 $$ Inverse de \( i \) : $$ i \cdot (-i) = 1 $$ Inverse de \( -i \) : $$ (-i) \cdot i = 1 $$

Tous les axiomes du groupe sont vérifiés.

Conclusion

L'ensemble \( A \), muni de la multiplication, constitue un groupe \( (A, \cdot) \).

Exercice 5

L'ensemble fini \( \mathbb{Z}_8 = \{ 0, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7 \} \) forme-t-il un groupe pour l'addition modulo 8 \( (+_8) \) ?

  • Clôture
    L'addition modulo 8 est une opération fermée dans \( \mathbb{Z}_8 \) : la somme de deux éléments quelconques de \( \mathbb{Z}_8 \), calculée modulo 8, appartient toujours à \( \mathbb{Z}_8 \). La table de Cayley correspondante est présentée ci-dessous :

    a +8 b 0 1 2 3 4 5 6 7
    0 0 1 2 3 4 5 6 7
    1 1 2 3 4 5 6 7 0
    2 2 3 4 5 6 7 0 1
    3 3 4 5 6 7 0 1 2
    4 4 5 6 7 0 1 2 3
    5 5 6 7 0 1 2 3 4
    6 6 7 0 1 2 3 4 5
    7 7 0 1 2 3 4 5 6
  • Associativité
    L'addition modulo 8 est associative : $$ (a + b) + c \equiv a + (b + c) \pmod{8}, \ \ \forall \ a, b, c \in \mathbb{Z}_8 $$
  • Élément neutre
    L'ensemble \( \mathbb{Z}_8 \) contient un élément neutre pour l'addition, à savoir \( 0 \) : $$ a + 0 \equiv 0 + a \equiv a \pmod{8}, \ \ \forall \ a \in \mathbb{Z}_8 $$
  • Élément inverse
    Chaque élément \( a \in \mathbb{Z}_8 \) possède un inverse additif \( a^{-1} \in \mathbb{Z}_8 \) tel que : $$ a + a^{-1} \equiv 0 \pmod{8} $$

    Exemple.
    L'inverse additif de \( a = 7 \) est \( a^{-1} = 1 \), puisque : $$ 7 +_8 1 = 0 $$ L'inverse de \( a = 6 \) est \( a^{-1} = 2 \), car : $$ 6 +_8 2 = 0 $$ De même, \( 5^{-1} = 3 \) et \( 4^{-1} = 4 \), puisque \( 4 +_8 4 = 0 \).

Tous les axiomes de groupe sont satisfaits : l'opération est fermée, associative, possède un élément neutre et tout élément admet un inverse.

Conclusion

On conclut que l'ensemble fini \( \mathbb{Z}_8 \), muni de l'addition modulo 8, forme bien un groupe additif fini noté \( (\mathbb{Z}_8, +_8) \). Ce groupe est commutatif, puisque l'addition modulaire est une opération abélienne.

Exercice 6

Déterminer les sous-groupes propres et impropres du groupe multiplicatif \( (S, \cdot) \), où \( S = \{ 1, -1, i, -i \} \) est constitué de quatre nombres complexes.

Le groupe multiplicatif \( (S, \cdot) \) est défini sur l'ensemble suivant :

$$ S = \{ 1, -1, i, -i \} $$

Ici, \( i \) désigne l'unité imaginaire dans le corps des nombres complexes.

Commençons par lister tous les sous-ensembles de \( S \), c'est-à-dire son ensemble des parties.

Comme première étape, nous écartons les sous-ensembles \( S' \subseteq S \) qui ne contiennent pas l'élément neutre \( u = 1 \), car un sous-ensemble dépourvu de l'élément neutre ne peut pas constituer un sous-groupe de \( (S, \cdot) \).

1 -1 i -i S' ⊆ S Remarque
* * * * S' = {1, -1, i, -i}  
* * *   S' = {1, -1, i}  
* *   * S' = {1, -1, -i}  
* *     S' = {1, -1}  
*   * * S' = {1, i, -i}  
*   *   S' = {1, i}  
*     * S' = {1, -i}  
*       S' = {1}  
  * * * S' = {-1, i, -i} ne contient pas l'élément neutre \( u = 1 \)
  * *   S' = {-1, i} ne contient pas l'élément neutre \( u = 1 \)
  *   * S' = {-1, -i} ne contient pas l'élément neutre \( u = 1 \)
  *     S' = {-1} ne contient pas l'élément neutre \( u = 1 \)
    * * S' = {i, -i} ne contient pas l'élément neutre \( u = 1 \)
    *   S' = {i} ne contient pas l'élément neutre \( u = 1 \)
      * S' = {-i} ne contient pas l'élément neutre \( u = 1 \)
        S' = {} ensemble vide, sans élément neutre

Nous identifions ensuite les sous-groupes impropres : le groupe complet \( S' = S \) et le sous-groupe trivial \( S' = \{ 1 \} \).

1 -1 i -i S' ⊆ S Remarque
* * * * S' = {1, -1, i, -i} sous-groupe impropre \( S' = S \)
* *     S' = {1, -1}  
*       S' = {1} sous-groupe trivial \( S' = \{ u \} = \{ 1 \} \)

Vérifions à présent lesquels de ces sous-ensembles sont effectivement fermés pour la multiplication. Sachant que \( i^2 = -1 \), nous examinons le critère de clôture pour chaque cas :

1 -1 i -i S' ⊆ S Remarque
* * * * S' = {1, -1, i, -i} sous-groupe impropre \( S' = S \)
* * *   S' = {1, -1, i} (-1)⋅i = -i ∉ {1, -1, i}
* *   * S' = {1, -1, -i} (-1)⋅(-i) = i ∉ {1, -1, -i}
* *     S' = {1, -1}  
*   * * S' = {1, i, -i} i⋅i = i² = -1 ∉ {1, i, -i}
*   *   S' = {1, i} i⋅i = -1 ∉ {1, i}
*     * S' = {1, -i} (-i)⋅(-i) = i² = -1 ∉ {1, -i}
*       S' = {1} sous-groupe trivial \( S' = \{ u \} = \{ 1 \} \)

Concentrons-nous maintenant sur le sous-ensemble \( S' = \{ 1, -1 \} \) pour vérifier s'il constitue effectivement un sous-groupe.

  1. \( S' = \{ 1, -1 \} \) contient l'élément neutre \( u = 1 \).
  2. \( S' = \{ 1, -1 \} \) est fermé pour la multiplication.

Vérifions ensuite les autres axiomes du groupe :

  • Chaque élément de \( S' \) admet un inverse dans \( S' \) : $$ 1 \cdot 1 = 1 = u $$ $$ (-1) \cdot (-1) = 1 = u $$
  • La multiplication est associative dans \( S' \) : $$ (a \cdot b) \cdot c = a \cdot (b \cdot c), \ \forall \ a, b, c \in \{ 1, -1 \} $$

Tous les axiomes de groupe sont donc respectés.

On en déduit que le sous-ensemble \( S' = \{ 1, -1 \} \) est un sous-groupe propre de \( (S, \cdot) \).

1 -1 i -i S' ⊆ S Remarque
* * * * S' = {1, -1, i, -i} sous-groupe impropre \( S' = S \) de \( (S, \cdot) \)
* *     S' = {1, -1} sous-groupe propre de \( (S, \cdot) \)
*       S' = {1} sous-groupe trivial \( S' = \{ u \} = \{ 1 \} \) de \( (S, \cdot) \)

Conclusion

Le groupe multiplicatif \( (S, \cdot) \) possède exactement trois sous-groupes : le sous-groupe trivial, le sous-groupe propre \( \{ 1, -1 \} \), et le groupe lui-même \( S \). Les deux derniers sont dits impropres.

Exercice 6bis

Déterminer les générateurs du groupe cyclique \( (\mathbb{Z}_8, +_8) \), où \( \mathbb{Z}_8 = \{ 0, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7 \} \), muni de l'addition modulo 8.

Examinons les sous-groupes cycliques engendrés par chaque élément de \( \mathbb{Z}_8 \) :

Élément x Sous-groupe engendré par x Ordre de x
<0> { 0 } 1
<1> { 0, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7 } 8
<2> { 0, 2, 4, 6 } 4
<3> { 3, 6, 1, 4, 7, 2, 5, 0 } 8
<4> { 0, 4 } 2
<5> { 5, 2, 7, 4, 1, 6, 3, 0 } 8
<6> { 6, 4, 2, 0 } 4
<7> { 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1, 0 } 8

On observe que les éléments 1, 3, 5 et 7 engendrent l'ensemble tout entier \( \mathbb{Z}_8 \). Ces éléments sont donc les générateurs du groupe cyclique \( (\mathbb{Z}_8, +_8) \).

  • <1> = { 0, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7 } = \( \mathbb{Z}_8 \)
  • <3> = { 3, 6, 1, 4, 7, 2, 5, 0 } = \( \mathbb{Z}_8 \)
  • <5> = { 5, 2, 7, 4, 1, 6, 3, 0 } = \( \mathbb{Z}_8 \)
  • <7> = { 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1, 0 } = \( \mathbb{Z}_8 \)

Exercice 7

Déterminer si le groupe symétrique sur l'ensemble \( S = \{ 1, 2, 3, 4 \} \) est un groupe abélien.

L'ensemble \( S = \{ 1, 2, 3, 4 \} \) est composé de \( n = 4 \) éléments :

$$ S = \{ 1, 2, 3, 4 \} $$

Le groupe symétrique \( S_n \) est l'ensemble de toutes les permutations de \( S \), muni de la composition des permutations comme opération de groupe.

L'ensemble \( S_4 \) contient \( n! = 24 \) éléments.

Exemple 1. La permutation \( \sigma_8 = (2, 3, 1, 4) \) peut également s'écrire en notation à deux lignes : $$ \sigma_8 = \begin{pmatrix} 1 & 2 & 3 & 4 \\ 2 & 3 & 1 & 4 \end{pmatrix} $$ Fonctionnellement : $$ \sigma_8 : S \rightarrow S \\ 1 \mapsto 2 \\ 2 \mapsto 3 \\ 3 \mapsto 1 \\ 4 \mapsto 4 $$ Cette permutation correspond à un cycle de longueur 3, noté \( (1\ 2\ 3) \), laissant fixe l'élément 4. Comme il est d'usage, le cycle trivial est omis.

Exemple 2. La permutation \( \sigma_{22} = (3, 4, 1, 2) \) s'écrit : $$ \sigma_{22} = \begin{pmatrix} 1 & 2 & 3 & 4 \\ 3 & 4 & 1 & 2 \end{pmatrix} $$ soit : $$ \sigma_{22} : S \rightarrow S \\ 1 \mapsto 3 \\ 2 \mapsto 4 \\ 3 \mapsto 1 \\ 4 \mapsto 2 $$ Elle correspond à deux cycles disjoints de longueur 2 : $$ (1\ 3)(2\ 4) $$

L'ensemble des permutations \( S_4 \) forme un groupe symétrique, noté \( (S_4, \circ) \), sous l'opération de composition \( \circ \).

$$ (S_4, \circ) $$

Ici, la composition correspond à la composition de fonctions, notée \( f \circ g = f(g) \), où \( f \) et \( g \) sont des permutations.

Considérons par exemple la composition \( \sigma_3 \circ \sigma_5 = \sigma_3(\sigma_5) \) :

$$ \sigma_3 \circ \sigma_5 = (3, 2, 1, 4) \circ (1, 3, 2, 4) $$

et, en notation à deux lignes :

$$ \sigma_3 \circ \sigma_5 = \begin{pmatrix} 1 & 2 & 3 & 4 \\ 3 & 2 & 1 & 4 \end{pmatrix} \circ \begin{pmatrix} 1 & 2 & 3 & 4 \\ 1 & 3 & 2 & 4 \end{pmatrix} $$

Remarque. En notation cyclique : $$ \sigma_3 \circ \sigma_5 = (1\ 3) \circ (2\ 3) $$

En suivant la règle \( f \circ g = f(g) \), on applique d'abord \( g = \sigma_5 \), puis \( f = \sigma_3 \) :

$$ 1 \rightarrow_g 1 \rightarrow_f 3 $$

$$ 2 \rightarrow_g 3 \rightarrow_f 1 $$

$$ 3 \rightarrow_g 2 \rightarrow_f 2 $$

$$ 4 \rightarrow_g 4 \rightarrow_f 4 $$

On obtient alors la permutation \( (3, 1, 2, 4) \) :

$$ \sigma_3 \circ \sigma_5 = \begin{pmatrix} 1 & 2 & 3 & 4 \\ 3 & 1 & 2 & 4 \end{pmatrix} $$

Autrement dit : $$ \sigma_3 \circ \sigma_5 = (3, 2, 1, 4) \circ (1, 3, 2, 4) = (3, 1, 2, 4) $$

Remarque. En notation cyclique : $$ \sigma_3 \circ \sigma_5 = (1\ 3) \circ (1\ 3\ 2) $$

La permutation obtenue, \( \sigma_3 \circ \sigma_5 \), correspond à \( (3, 1, 2, 4) \), qui appartient à \( S_n \) : $$ (3, 1, 2, 4) = \sigma_9 \in S_n $$

Pour déterminer si \( (S_n, \circ) \) est un groupe abélien, il faut vérifier si la composition est commutative.

Calculons maintenant la composition inverse \( \sigma_5 \circ \sigma_3 = \sigma_5(\sigma_3) \) :

$$ \sigma_5 \circ \sigma_3 = (1, 3, 2, 4) \circ (3, 2, 1, 4) $$

soit :

$$ \sigma_5 \circ \sigma_3 = \begin{pmatrix} 1 & 2 & 3 & 4 \\ 1 & 3 & 2 & 4 \end{pmatrix} \circ \begin{pmatrix} 1 & 2 & 3 & 4 \\ 3 & 2 & 1 & 4 \end{pmatrix} $$

En appliquant d'abord \( g = \sigma_3 \), puis \( f = \sigma_5 \) :

$$ 1 \rightarrow_g 3 \rightarrow_f 2 $$

$$ 2 \rightarrow_g 2 \rightarrow_f 3 $$

$$ 3 \rightarrow_g 1 \rightarrow_f 1 $$

$$ 4 \rightarrow_g 4 \rightarrow_f 4 $$

On obtient la permutation \( (2, 3, 1, 4) \) :

$$ \sigma_5 \circ \sigma_3 = \begin{pmatrix} 1 & 2 & 3 & 4 \\ 2 & 3 & 1 & 4 \end{pmatrix} $$

Autrement dit : $$ \sigma_5 \circ \sigma_3 = (1, 3, 2, 4) \circ (3, 2, 1, 4) = (2, 3, 1, 4) $$

La permutation obtenue, \( \sigma_5 \circ \sigma_3 \), appartient également à \( S_n \) : $$ (2, 3, 1, 4) = \sigma_8 \in S_n $$

Conclusion

La composition \( \sigma_3 \circ \sigma_5 \) donne \( (3, 1, 2, 4) \), tandis que \( \sigma_5 \circ \sigma_3 \) donne \( (2, 3, 1, 4) \). Comme ces résultats diffèrent, l'opération n'est pas commutative :

$$ \sigma_3 \circ \sigma_5 \ne \sigma_5 \circ \sigma_3 $$

En conclusion, le groupe \( (S_4, \circ) \) n'est pas abélien, car il ne satisfait pas la propriété de commutativité.

Remarque. En fait, tous les groupes symétriques \( S_n \) pour \( n > 2 \) ne sont pas abéliens, c'est-à-dire qu'ils sont non commutatifs.

Exercice 8

Déterminer si le groupe additif \( (\mathbb{R}, +) \) est homomorphe à lui-même par l’application \( f : x \mapsto x^2 \).

$$ f : (\mathbb{R}, +) \rightarrow (\mathbb{R}, +) $$

Un homomorphisme de groupes entre deux groupes \( (G, *) \) et \( (H, \#) \) est une application \( f \) telle que :

$$ f : G \rightarrow H $$

et, pour tout \( a, b \in G \), la propriété suivante est vérifiée :

$$ \forall a,b \in G \Rightarrow f(a * b) = f(a) \# f(b) $$

Dans ce cas, on considère \( f(x) = x^2 \), avec \( G = H = \mathbb{R} \) et la même structure additive \( (\mathbb{R}, +) \).

Les opérations binaires impliquées sont donc \( * = + \) et \( \# = + \).

$$ \forall a,b \in \mathbb{R} \Rightarrow (a+b)^2 = a^2 + b^2 $$

Or, le carré d’une somme n’est pas égal à la somme des carrés :

$$ (a+b)^2 \ne a^2 + b^2 $$

en réalité :

$$ (a+b)^2 = a^2 + b^2 + 2ab $$

Par conséquent, le groupe additif \( (\mathbb{R}, +) \) n’est pas homomorphe à lui-même sous l’application \( f(x) = x^2 \).

Exercice 9

Déterminer si le groupe additif \( (\mathbb{Z}, +) \) est homomorphe au groupe multiplicatif \( (\mathbb{Z}, \cdot) \) par l’application \( f : x \mapsto i^x \).

où \( i \) désigne l’unité imaginaire du corps des nombres complexes.

$$ f : (\mathbb{Z}, +) \rightarrow (\mathbb{Z}, \cdot) $$

Un homomorphisme de groupes entre deux groupes \( (G, *) \) et \( (H, \#) \) est une fonction \( f \) telle que :

$$ f : G \rightarrow H $$

et, pour tout \( a, b \in G \) :

$$ f(a * b) = f(a) \# f(b) $$

Dans notre cas, \( f(x) = i^x \), avec \( G = \mathbb{Z} \) et \( H = \mathbb{Z} \), et les groupes respectifs \( (\mathbb{Z}, +) \) et \( (\mathbb{Z}, \cdot) \).

Les opérations sont donc \( * = + \) et \( \# = \cdot \).

$$ \forall a,b \in \mathbb{Z} \Rightarrow i^{a+b} = i^a \cdot i^b $$

D’après les propriétés des exposants :

$$ i^{a+b} = i^a \cdot i^b $$

On constate que la condition \( f(a * b) = f(a) \# f(b) \) est bien vérifiée pour tout \( a,b \in \mathbb{Z} \).

Par conséquent, le groupe additif \( (\mathbb{Z}, +) \) est bien homomorphe au groupe multiplicatif \( (\mathbb{Z}, \cdot) \) par l’application \( f(x) = i^x \).

Exemple. Prenons \( a = 2 \) et \( b = 3 \) dans le groupe additif \( (\mathbb{Z}, +) \). Vérifions la propriété :

$$ f(a + b) = f(a) \cdot f(b) $$

La fonction est \( f : x \mapsto i^x \).

$$ i^{(2+3)} = i^2 \cdot i^3 $$

$$ i^5 = i^5 $$

L’égalité est vérifiée - et elle l’est pour tout couple d’entiers \( a \) et \( b \).

Et ainsi de suite.

 


 

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